ESSAI DE RÉFLEXIONS

Essai de réflexions par Yves Placide, Psychosociologue.

Rire au coin, il faut le dire, les cultures représentent tout un intérêt pour tous les psychosociologues, les sociologues et les psychologues de la planète qui veulent bien essayer de les comprendre ; la culture haïtienne n’y échappe pas. Chaque personne de cette partie de terre se dit un peu différente des autres, pour ne pas dire mieux, et dans leur moment de désarroi, c’est-à-dire quand il oublie de rationaliser, oublie de réfléchir à leur façon de faire, il se retrouve avec exactitude dans l’autre. IL et JE se confondront pour ressembler à NOUS.

Paradoxe, car Il et JE s’excluent en même temps de Nous pour former une unicité, car se croyant placer pour jouer « le modèle ». Et le NOUS se désagrège dans une perte d’identité se laissant assimilé par une fausse représentation de lui-même. Il n’est pas ce qu’il devrait être, mais sachant ce qu’il veut être, ne possédant pas les outils nécessaires pour être ce qu’il doit être. Tout un drame, je sais que je dégringole, je sais ce que je dois faire pour le stopper, mais je n’y arrive pas.

La décente aux enfers semble être une programmation, une force devenue inconsciente, qui jadis était une norme, une coutume, une façon de faire et de vivre. La prise de conscience du Je conscient qui est un état personnel d’évolution ne peut s’éclater sous le poids du Nous encore sous l’emprise du passé. L’éclatement de plusieurs Je conscient, laissera des traces qui pourraient féconder l’esprit de la génération future par leurs écrits leurs discours et leurs façons de faire et de voir l’autre. Hormis le Je conscient, un temps égal est nécessaire pour le déconditionnement du grand Nous. Apprendre de nouveau est plus difficile qu’apprendre pour la première fois, car c’est une souffrance, il faut briser l’équilibre de la compréhension, et tout le corps fait appel à la paresse pour résister aux changements.

L’homme résiste naturellement à tout ce qui lui fait souffrir. Voilà le dilemme, être conscient qu’il faut apprendre de nouveau, qu’il faut rééduquer la façon de penser, qu’il faut guider l’esprit vers le plus haut sommet, libérer l’esprit du joug du passé, livrer un combat avec soi-même, en étant à l’affût à chaque seconde de notre action et réaction qui nous enchaînent dans un passé non désiré, non voulu, semble être une tâche insurmontable. Quant le présent connu se trouve être l’ombre d’un passé glorieux caché, le miroir projetant l’identité du présent est faussé par la représentation du présent connu.

Les seigneurs de l’histoire, les metteurs en scène de l’histoire, les manipulateurs du passé ont méprisé la vérité de l’esprit de ce peuple pour la remplacer par une… la vérité connue qui n’est qu’un passage foncièrement déformé du passé glorieux du peuple haïtien, et le présent connu imprègne l’esprit de Nous qu’il est presque impossible que Nous se rende compte de toute l’ampleur du projet malsain qu’il est le dessein. Cette fausse représentation de l’histoire qui crée le moi culturelle du peuple haïtien, le déstabilise, le met dans un état de dissonance ; une dissonance systémique socio-économique politique et culturelle qui crée chez le Nous inconscient une sensation de fuite comme un bâtard qui a peur de dire son nom, une fuite de l’esprit, du dedans au dehors, une fuite d’origine.

La personnalité de Nous est ainsi disséquée, et Nous joue le personnage inconnu, fait à sa mesure… et depuis, Nous joue, joue sans arrêt, pour fuir une vérité mal connue, pour ne pas faire face aux changements, pour ne pas rencontrer le Je conscient, alors « quel (bluffeur) Nous yé ». Toute l’histoire d’Haïti et de la culture haïtienne est ainsi manipulée, cachée pour l’empêcher d’acquiescer au sentiment de fierté, de grandeur, de libérateur qui est le sens de son existence culturel et comme peuple. Cette fuite du moi, cette peur de se regarder dans le miroir de l’histoire est en fait une des causes de la difficulté à saisir, à trouver une solution culturelle, voire même à comprendre scientifiquement parlant l’agir du peuple. Car pour se retrouver il faut se chercher, quand ce qu’on cherche est une fuite perpétuelle, il faut s’attendre à trouver ce qui fuit et qui est faux, pour savoir ce qui est faux il faut être dans le vrai. Seul les Je conscient qui a fait le parcours de son identité vrai, est habilité à éduquer, peut s’élever de la foule, cependant il est écrasé par le Nous inconscient encore sous l’emprise des scories de la fausse représentation du passé qui forme son identité culturelle.

En fait tout être humain qui vit en groupe pendant un temps assez long finit par se ressembler presque dans toutes les dimensions sociales : comportement, attitude, mœurs, et dans certains cas, la connaissance. Cela nous permet de comprendre l’enchaînement inévitable des effets et des causes fatalistes qui produisent et se reproduisent dans un ordre donné. Il est vrai que toutes les théories (Socialiste, communiste, démocratique…) ont pour finalité la violence, quand elles plafonnent.

Cependant la liberté ne s’acquiert très souvent que par une violence, pour ensuite rééduquer, et après un certain temps sortir du cadre de la violence pour ré encadrer, reprogrammer, faire un constat conscient et sortir le Nous inconscient de ce conditionnement.

L’évolution ou l’involution d’une société est une affaire de masse, d’économie, et de démocratie. Et l’évolution est en lien directe avec la connaissance (l’éducation) acceptable de la majorité, il faut que la majorité évolue d’un même pas pour évoluer, il est certains qu’il peut exister plusieurs Je conscient dans une communauté ou une société, mais pour qu’il y ait évolution il faut que la majorité des habitants d’un peuple ou d’une communauté arrivent a un degré de conscientisation générale identique au Nous inconscient (le Nous inconscient est formé le plus souvent par la masse), car une fois que la majorité des habitants ait atteint le Je conscient, ils seront considérés comme faisant partie du Nous inconscient et il y aura évolution de la masse, et une très forte compétition régnerait dans le Nous ce qui ferait ressortir d’autres exigences, ferait surgir d’autres Je conscient qui amènerait le Nous inconscient à une forme de conscientisation plus élevée.

Normalement lorsque les besoins primaires sont comblés il y a amélioration dans l’évolution d’une société. Pour penser à un idéal commun et produire intellectuellement et rendre possible cette démarche, les besoins primaires doivent être combler. L’homme restera toujours insatisfait de son état et de ses besoins réels. Quand il veut transcender ses besoins d’une manière effective, pour les réalisés, il doit révolutionner, la révolution de l’esprit est plus difficile à concrétiser que toutes autres formes de révolution, car cela implique une implication consciente du Nous inconscient qui ne se possède pas encore entièrement en tant qu’entité consciente, et il faut être capable rendre de palpable « les pratiques de changement » pour atteindre l’état désiré. L’homme d’Haïti est appelé à scruter son intérieur, d’aller au plus profonds de lui-même pour se regarder dans l’autre ,( amalgame de conditionnement : Français, Espagnol, Américain …) affronter l’inconscient qui est en Nous pour en faire un Nous conscient et faire de ce Nous conscient conscience collective et de cette conscience stabiliser cette force qui crée l’envie de faire mal et de mal faire dans nos quotidiens.

Le passé semble être simple, mais malheur à qui le regarde d’un œil imparfait, car on risque de tomber dans le piège des manipulateurs du passé. A la recherche de la compréhension du peuple haïtien, il faut avant tout comprendre le fonctionnement de l’Homme et de l’interaction qu’engendre leur participation à la vie de groupe. Il est clair que l’être humain est un imitateur qu’il s’adapte à tout et mémorise tout ce qui est répétitif, tout son comportement est en lien avec son passé pour se satisfaire, il renferme en lui tous les antagonismes existants.

Il est le centre de son univers et il voit tout et explique tout à travers son cadre de référence qui est une somme de vécu et de connaissances empiriques triées dans sa culture. Il est le fruit de ses ancêtres et de sa civilisation, une transmission, dont il est maintenant le transmetteur de ce qu’il a vu et apprit. Agir autrement serait une révolte de l’esprit pour transcender la frontière du méconnue pour se réaliser. Et la masse haïtienne doit passer par cette révolte de l’esprit pour acquiescer à sa vraie dimension culturelle, sa vraie identité, de nègre libre, fier et libérateur des opprimés. Ses dimensions mystiques sont souchées dans sa culture qui est influencé par les grands courants religieux (Christianisme, Vaudouisme, Protestantisme, Hindouisme, Judaïsme… Ses dimensions mystiques semblent être un attrait inné de la race humaine, l’homme, me semble, a besoin de l’inconnue, du sacré et de tous les mystères qui entourent la vie pour donner un sens à la vie et à sa vie.

Il est naturellement appeler à une quête mystique intérieure qu’il est incapable d’appréhender, mais qui le mène et le guide vers un inconnu désiré.

À l’aube de l’an 2017 qui marquera les 213e années de notre indépendance, faut-il se demander où sont les enfants de l’Afrique ?

Ces hommes livrés à eux-mêmes, éparpillés un peu partout, les marrons, ces fiers guerriers qui ont préféré la mort que de vivre en esclavage. Ou est la sagesse de Toussaint Louverture, ou est la colère de Dessalines ?
Liberté, égalité, fraternité telle est notre devise, telle devrait être la devise d’un peuple libérateur des opprimés, un héritage ancestrale, elle doit être la base de notre moralité politique et sociale, il faut la réaliser en nous pour nous prouver que nous sommes vraiment des descendants de Toussaint Louverture, de Dessalines, de Boukman. Des Marrons, que nous sommes fiers que le premier mouvement de vie s’est manifesté dans notre Afrique ancestrale et que nous connaissons le prix à payer et son importance, que le monde proclame notre conquête et notre grandeur d’archétype qui est notre.